[Récit] Le jour blanc
Publié : lun. 1 avr. 2019 21:28
Le printemps semble s'installer pour de bon, mais n'enlève rien à la neige reçue durant ce court hiver.
Notamment fin janvier. Un bel épisode neigeux est annoncé. Je pars sous quelques flocons le matin, de nuit
et bien en-dessous de zéro. L'après-midi, une partie de la région est placée en alerte orange durant quelques
heures, les déplacements doivent être évités si possible. Je suis le dernier au bureau, tout le monde est rentré
plus tôt pour éviter le manteau blanc. Et effectivement, près de 15cm de fraîche tombent l'après-midi sous un
ciel bouché. Chouette !
L’appréhension est toujours la même à chaque première sortie sur la neige de l’année. Une légère crispation
dans les premiers virages le temps de retrouver ses marques, de réapprivoiser la glisse, les effets des freins et
de la poignée des gaz. Puis uniquement le plaisir de rouler dans ces conditions si particulières.
Je quitte ainsi mon travail sous la neige. La nature est intégralement blanche, tout est recouvert du sol jusqu’à
la pointe des arbres. Les routes alternent entre dégagées et totalement recouvertes. Au bout de 10 km, le ciel
chargé depuis la veille se dégage brutalement pour laisser place à une ambiance de soirs d’hiver aux lueurs orangées
du soleil. Les bas côtés peu accueillants ne me permettent malheureusement pas de m’arrêter pour immortaliser
l’instant. Je continue ma route.
Les kilomètres en partie sur la neige défilent. Le soir tombe, et la température rechute encore de quelques degrés.
Je fais une dernière pause au sommet d’une colline sous un vent glacial, rendant le froid encore plus difficilement
supportable, juste de quoi faire quelques pas dans la neige et prendre une photo avant que mon telephone ne
s’éteigne de lui-même en raison de la température polaire. Je retourne à la moto, et là : misère. La neige fondue
sur les commandes ajoutée au vent glacial aura eu raison de mon bouton de démarreur, gelé en l’espace de quelques
minutes dans ce mini blizzard. Avec un peu de patience et de chaleur, et malgré le bout des doigts endoloris, j’arrive
à débloquer la commande pour repartir.
Retour de nuit jusqu’à la maison sur des routes dont la neige fondante en journée recommence à geler et à se
transformer en verglas. Les bords de routes blancs et les arbres givrés s’illuminent au passage des phares de la
moto avant de disparaître derrière moi dans l’obscurité.
Un dernier col à passer avant d’arriver de nuit en haut de la colline où se trouve mon petit village comptant toujours
plus de neige qu'ailleurs. L’ambiance a quelque chose de magique. Le ciel chargé de la journée a laissé place à une
voûte étoilée. Aucun véhicule ne circule, rien ne bouge dehors dans un silence que seul un léger vent vient perturber.
Les chaumières sont intégralement blanches, et les cheminées fumantes ajoutées aux lueurs émanant des pièces de vie
des maisons donne à mon bourg un air chaleureux de carte postale ou de stations de ski familiales. Pas une branche,
pas une brindille n’est recouverte de glace ou de neige.
…
